Le président mauritanien s’est retiré du conseil des ministres d’hier à Nouakchott pour marquer le coup des contre- performances du gouvernement dans la mise en œuvre de son programme quinquennal. Une première depuis la formation du gouvernement en août 2019.

Pour la première fois dans l’histoire de la république gouvernée depuis 78 par des régimes autoritaires un chef d’Etat boude son gouvernement au cours d’un conseil des ministres. C’est un échec du premier ministre Ould Bilal, l’homme de confiance choisi pour une ouverture vers l’élite haratine et pour ses compétences ainsi que la plupart de ses ministres. C’est un échec aussi du président qui n’est pas étranger à toutes les nominations pour mettre en œuvre son programme quinquennal aussi ambitieux pour un pays dont les ressources sont pillées par un ancien président entre les mains de la justice, accusé pour corruption, enrichissement illicite et blanchiment d’argent.

Ce premier clash politique augure un changement profond de l’équipe gouvernementale et de son premier ministre cette fois-ci non pas pour des raisons liées au dossier de la justice mais pour des contre-performances. Les révélations sur la lenteur de l’exécution de la feuille de route dictée par le président, les mauvais résultats de l’éducation nationale, la mauvaise gestion de la covid-19, la mauvaise politique des prix des denrées de première nécessité, sont autant d’insuffisances qui caractérisent le gouvernement.

C’est un second souffle auquel s’attendent les observateurs à un peu plus de trois ans de la fin du quinquennat de Ould Ghazouani lequel entend s’entourer des hommes et des femmes à la hauteur du changement auquel aspirent les mauritaniens. Ce mécontentement de la gouvernance au plus haut sommet de l’Etat annonce une première crise politique dont les conséquences ne s’arrêteront pas à un simple remaniement ministériel. Le pire est à venir.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

°Source: Kassataya