Lettre ouverte au gouvernement mauritanien : L’éducation n’est pas un terrain d’expérimentation politique
À l’attention de Monsieur le Président de la République,
Madame la Ministre de l’Éducation Nationale,
et aux autorités compétentes,
Je vous écris aujourd’hui au nom de milliers de familles mauritaniennes qui, comme moi, assistent avec douleur et incompréhension à la destruction silencieuse mais implacable de notre système éducatif. Ce que vous appelez une « réforme » est vécu sur le terrain comme une catastrophe sociale.
Depuis la suppression progressive des classes de première année dans les écoles privées, de nombreuses familles sont plongées dans l’angoisse. Vos décisions, loin d’améliorer l’éducation, l’ont rendue inaccessible pour une grande partie de la population. Dans plusieurs quartiers (Darnahim, Elmina, TVz,...), notamment à sebkha, les écoles publiques n'ont pas la capacité d'accueillir plus de 20 % des élèves. Et pourtant, vous avez interdit aux parents d’inscrire leurs enfants dans les écoles privées, sans prévoir aucune alternative réelle.
Résultat ? Des milliers d’enfants sont aujourd’hui exclus de l’école. Des familles désespérées se retrouvent à contourner la loi pour offrir un minimum de scolarité à leurs enfants. Et pendant ce temps, les plus riches, eux, trouvent des solutions : ils inscrivent leurs enfants dans les rares écoles privées autorisées ou quittent tout simplement le pays. Est-ce cela, la justice sociale ?
La réforme aurait pu être saluée si elle avait été accompagnée d’investissements massifs : construction d’écoles, recrutement d’enseignants, planification territoriale sérieuse. Mais ce ne fut pas le cas. On réorganise sans construire. On interdit sans proposer. On impose sans écouter.
Le résultat ? Une fracture sociale encore plus profonde. Une école publique surchargée, épuisée, parfois abandonnée. Une école privée diabolisée mais indispensable. Et au milieu, des enfants sacrifiés, des parents humiliés, un peuple qui doute.
Nous ne sommes pas contre l’idée de renforcer l’école publique. Nous en sommes les premiers défenseurs. Mais pour qu’elle remplisse son rôle, elle doit être accessible, équipée, et digne. Vous ne pouvez pas nous demander d’envoyer nos enfants dans des écoles qui n’existent pas, dans des classes qui débordent, auprès d’enseignants débordés.
Nous exigeons :
1. Un moratoire immédiat sur la suppression des classes privées jusqu’à ce que des alternatives publiques soient réellement disponibles.
2. Un plan d’urgence pour construire de nouvelles écoles primaires dans les zones sous-dotées, à moins d’un kilomètre des habitations.
3. Le recrutement massif d’enseignants qualifiés et la réduction du nombre d’élèves par classe à un maximum de 30.
4. Un dialogue réel avec les parents, les enseignants, les syndicats, les associations locales, bref, avec ceux qui vivent la réalité de l’école au quotidien.
L’éducation est un droit fondamental. Ce n’est ni un luxe, ni un pari politique. Vous avez la responsabilité morale et constitutionnelle de garantir à chaque enfant mauritanien un accès réel, équitable et de qualité à l’éducation.
L’histoire jugera sévèrement ceux qui auront détruit ce que des générations ont mis des décennies à construire.
Il est encore temps de corriger le tir.
Pour nos enfants, pour l’avenir du pays, agissez.
Un parent en colère, mais engagé pour l’avenir de la Mauritanie.
Dans l’intérêt de nos enfants, veuillez recevoir mes salutations déterminées
Diaw Abdoullah ( AKS).
Samedi 28 juin 2025.