Afrique de l’Est : le grand bond vers l’intégration économique

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Intégration économique

CROISSANCE. L’un des blocs régionaux les plus intégrés en Afrique, la Communauté d’Afrique de l’Est, se prépare à émettre une monnaie unique, pilier de l’intégration régionale.

Depuis que la Communauté d'Afrique de l'Est (CAE) a ravivé son processus d'intégration économique, dans les années 2000, tout est allé très vite. Sur les quatre piliers prévus, deux ont été atteints, l'union douanière et le marché commun. Ils ont fait de ce bloc régional de 300 millions d'habitants l'un des plus intégrés en Afrique. Désormais, la CAE prévoit l'émission d'une monnaie unique dans les quatre prochaines années, a annoncé le secrétaire général de l'organisation, Peter Mathuki, vendredi 13 janvier.

L'émission d'une monnaie unique apparaît comme un outil efficace d'intégration dans une région qui n'a pourtant pas été épargnée par les crises multiples, économiques, climatiques, et surtout les conflits à l'est de la RDC, récemment entrée au sein de l'organisation. « Le conseil des ministres devrait décider cette année du lieu d'implantation de l'Institut monétaire est-africain et de l'établissement d'une feuille de route pour l'émission de la monnaie unique », a déclaré Peter Mathuki lors d'une cérémonie organisée à l'occasion du départ à la retraite de certains fonctionnaires de la CAE. Et d'ajouter : « Dans les trois ou quatre prochaines années, nous aurons une monnaie commune. » Et ce, malgré le fait qu'un groupe de travail technique a plaidé pour reporter la mise en œuvre à 2031. Le choix de la CAE s'est porté sur le shilling est-africain. En effet, le Kenya, l'Ouganda et la Tanzanie ont utilisé une telle monnaie de 1921 à 1969, avant de lancer les leurs.

Vers la création d'une monnaie unique pour renforcer l'attractivité de l'organisation
En effet, ce projet audacieux ouvre la voie à une nouvelle ère d'unité économique et de coopération dans la région. « La monnaie unique facilite les affaires et la circulation des personnes dans la région. C'est conforme à notre objectif de rendre la région sans frontières afin que les gens puissent se déplacer et commercer librement, comme le prévoit le protocole du marché commun », a déclaré Peter Mathuki. « Les plans sont à un stade avancé pour organiser des consultations similaires pour la Tanzanie, le Rwanda, le Kenya et le Soudan du Sud au cours de l'exercice 2022-2023 », a-t-il ajouté.

Sur la base du calendrier initial, la monnaie unifiée devait être mise en place d'ici à 2024 et pourrait faire de l'Afrique de l'Est une destination plus attrayante pour les investissements, la finance ou encore le tourisme. Il faut souligner que la CAE est déjà l'une des communautés économiques régionales les plus intégrées que compte le continent africain. Les autorités de la zone CAE multiplient les mesures et réformes en vue de renforcer davantage l'intégration économique ainsi que le dynamisme commercial de la région. L'indice d'intégration régionale en Afrique (ARII), qui mesure l'intégration régionale sur cinq critères, dont l'intégration commerciale ou la libre circulation des personnes, a indiqué que la région « obtient les meilleurs résultats sur la dimension de la libre circulation des personnes ». Et de noter que l'intégration macroéconomique n'est pas en reste.


Un commerce toujours faible, mais en croissance constante
Dans tous les cas, cette annonce intervient dans un contexte plutôt favorable pour la sous-région, puisque les échanges commerciaux au sein des sept pays qui composent la CAE – le Burundi, le Kenya, l'Ouganda, le Rwanda, le Soudan du Sud, la Tanzanie, la République démocratique du Congo – ont atteint 10,17 milliards de dollars en septembre 2022. Une hausse principalement due à « la bonne volonté politique des membres du sommet des chefs d'État de la CAE et à l'assouplissement des restrictions Covid-19 dans la région », et surtout à « l'élimination » de nombreuses barrières non tarifaires qui entravaient le commerce intrarégional. « 257 barrières non tarifaires ont été résorbées de manière cumulative depuis 2007. Cela va de pair avec l'objectif du bloc d'augmenter les volumes du commerce intrarégional. […] Depuis le 1er juillet 2022, les importations de produits disponibles localement dans la région, tels que la viande, les meubles et les textiles, sont soumises à un tarif de 35 %. Cette mesure vise à promouvoir la production locale, la création de valeur ajoutée et l'industrialisation », a expliqué Peter Mathuki dans un communiqué. Exemple concret avec le réchauffement des relations entre la Tanzanie et le Kenya, depuis deux ans, et l'arrivée au pouvoir de la présidente Samia Suluhu. Le commerce entre Nairobi et Dar es-Salaam a franchi pour la première fois la barre des 100 milliards de shillings, soit environ 870 millions d'euros.

En attendant l'effectivité de la monnaie unique est-africaine, la Communauté met le cap vers la Somalie, un futur membre qui lui donnerait l'accès vers l'un des plus longs et des plus stratégiques littoraux d'Afrique. « La longue route de l'océan Indien et de la mer Rouge, qui relie l'Afrique à la péninsule arabique, est une zone économique dynamique, a dit Mathuki, ajoutant qu'elle apportera d'immenses avantages à la CAE. « L'exploitation des ressources de l'économie bleue de la Somalie, telles que le poisson, et l'étendue de son littoral devraient également stimuler l'économie régionale », a-t-il fait savoir.

Reste que les défis sont immenses : la Communauté d'Afrique de l'Est est touchée de plein fouet par les conséquences de la guerre russe en Ukraine. En effet, plusieurs de ses États membres, dont le Rwanda, la Tanzanie et la RDC, importent chacun plus de la moitié de leurs besoins en céréales de ces deux pays. L'inflation et le ralentissement de la croissance économique pourraient entraver la montée en puissance de cette véritable locomotive économique africaine.

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