Sénégal : Polémique autour de la mort d’un imam
La mosquée de Darou Salam 2, dans la commune de Grand Yoff à Dakar, a perdu son imam. Trois jours après sa disparition, son corps a été retrouvé, le 2 février, dans un canal. La famille et les notables du quartier privilégient la piste du meurtre.
Un imam d’une mosquée de Dakar a été retrouvé mort dans un bassin de rétention d’eau, dans la commune de Grand-Yoff, le 2 février 2023. L’imam Cheikh Tidiane Tall, âgé d’une soixantaine d’années, avait disparu depuis le 30 janvier après la prière de 17 heures. Ce maître coranique dirigeait les prières de la mosquée de Darou Salam 2 depuis dix-neuf ans.
Après une procédure d’identification effectuée par les policiers du commissariat de Grand-Yoff avec les membres de la famille de l’imam, le corps sans vie a été déposé à la morgue de l’hôpital Idrissa Pouye, par les sapeurs-pompiers.
Autopsie
Les policiers chargés de l’enquête n’ont noté aucune trace de violence, ni de blessure, sur la dépouille mortelle. Ils ont également souligné que le défunt n’a pas été agressé puisqu’il portait toujours sa montre et une bague. Son chapelet se trouvait encore dans une de ses poches, et son bonnet était près de la dépouille.
Les résultats de l’autopsie ont confirmé les premiers constats des enquêteurs du commissariat de Grand-Yoff. Ils n’ont pas permis de déterminer les véritables causes de la mort de l’imam Tall du fait de l’état de « putréfaction très avancé du corps ». Toutefois, le médecin légiste n’a constaté aucune lésion traumatique, ni signe de noyade, d’après le même document médical.
Famille
Cheikh Tidiane Tall avait disparu le 30 janvier. Après la prière, cet imam a annoncé à sa mère qu’il partait rendre visite à son frère Momar Tall, président des tailleurs du marché de Grand-Yoff, sur son lieu de travail.
La famille du défunt souligne qu’en sortant de chez lui, le jour de sa disparition, Cheikh Thierno Tidiane Tall avait confié les clés de son coffre-fort à son fils et remis de l’argent à son épouse « pour les besoins de la famille pendant dix jours ».
La famille privilégie la piste du meurtre qu’elle met en lien avec la construction de la nouvelle mosquée. « Il y a quelque temps, il a été choisi pour gérer les fonds de la construction de la mosquée », souligne-t-elle. « Ce n’est ni une mort naturelle ni un suicide. Peut-être qu’il a été repéré et tué par des malfaiteurs », suggèrent les notables du quartier.
Des jeunes voisins de l’imam Tall avaient commencé à manifester leur colère par des jets de pierres aux alentours des habitations jouxtant le lieu de la découverte macabre. En attendant, la police poursuit l’enquête pour faire la lumière sur cette mort.
Charles Senghor (à Dakar)