La situation économique de la Mauritanie en pleine pandémie
Avant l’irruption de la crise de Covid-19, la Mauritanie avait réalisé un exercice de repassage de son PIB qui conclut à une réévaluation de 22,7% pour l’année 2014 et 34,8% pour 2018. Le PIB est ainsi estimé à 7,6 Mds USD pour 2019. L’économie est désormais de se contracter de 3,2% en 2020, contre une croissance de 6,3% anticipée avant la crise, et de rebondir à 2% en 2021. Le PIB passerait ainsi à 7,4 Mds USD en 2020.
Si les marchés internationaux des matières premières destinées à l'exportation de la Mauritanie (minerai de fer, or) ont bien résisté, le secteur de la pêche a souffert de la baisse de la demande mondiale. Les transports et les services ont été sévèrement touchés par les fermetures et l'agriculture a été affectée par la sécheresse au Sahel. Néanmoins, la construction a été soutenue par les dépenses publiques malgré les retards dans la mise en œuvre des projets d'infrastructure. Selon la Loi de Finances 2021, le secteur primaire devrait connaître une récession de 6,9% en 2020, le secteur secondaire de 2,2% et le secteur tertiaire de 2,4%. La reprise en 2021 devrait être portée par le secteur des industries extractives, qui enregistrera une croissance de 2,7%, et le secteur des services (+0,9%).
Le projet de champ gazier offshore Grand Tortue-Ahmeyim (GTA) est reporté d'un an jusqu'en 2023. La croissance devrait s’établir à 4,2% en 2022 puis 6,1% en 2023. Le besoin de financement extérieur est prévu d’augmenter de 26 M USD à 394 M USD par rapport à la Facilité rapide de crédit (FRC) d’avril, soit 5,3% du PIB. Les exportations mauritaniennes sont très dépendantes des marchés chinois (premier client avec 30% des exportations totales en 2018, 25% des exportations de poissons, 68% des exportations de minerai de fer et 100% des exportations de cuivre) et espagnol (14% des exportations totales), pays parmi les plus touchés par la pandémie. Le déficit courant s'établit à 15,3% du PIB en 2020, après 10,6% en 2019. Les réserves internationales ont atteint 1 320 M USD à fin juin 2020, en hausse de 185 M USD au premier semestre suite aux décaissements du Fonds et des autres bailleurs. En 2020, elles devraient représenter 5,1 mois d’importations.
L’évolution du taux de change demeure stable et l’inflation contenue (3,9% en moyenne annuelle en 2020 et 4,5% en 2021 puis 4% à moyen terme).
Le gouvernement a adopté un plan national de réponse à la Covid-19 d’un montant de 644 M USD (8,5% du PIB) pour des réformes dans le secteur de la santé, de l’agriculture, la constitution de stocks de nourriture essentielle, le soutien direct aux ménages et PME et des lignes de crédit et garanties pour les entreprises.
Situation économique
· La croissance économique a considérablement augmenté, de 3,6 % en 2018 à 6,3 % en 2019, sous l’effet du boom minier qui a été soutenu par une croissance modérée des secteurs non extractifs.
· L'inflation a diminué de 3 % en 2018 à 2,3 % en 2019, en raison d'une décélération de la croissance des prix internationaux du blé.
· Sur le plan des finances publiques, le gouvernement a maintenu un excédent budgétaire (hors dons) pour la deuxième année consécutive, atteignant 0,6 % du PIB en 2019. Cette solide position budgétaire et la croissance accélérée ont réduit le ratio de la dette sur PIB (hors dette du Koweït) de 82,5 % du PIB en 2018 à 76,4 % en 2019. Bien que la dette publique soit viable, le risque global et externe de surendettement reste élevé.
Le secteur bancaire reste exposé à un risque de manque de liquidité, malgré les nouveaux instruments introduits par la Banque centrale mauritanienne. Le ratio liquidités/total des actifs est tombé de 24,6 % en 2017 à 19,6% en 2018. Bien que les prêts non performants aient diminué de 22,6 % fin 2018, ils sont restés élevés à 21,7% du total des prêts fin 2019, dont 75 % ont été provisionnés.
À moyen terme, la croissance ralentit en 2020 en raison de l’impact économique de la pandémie mondiale de coronavirus (COVID-19). L'ampleur de l'impact dépendra de la volatilité des prix des produits de base, du rythme de la reprise en Chine et en Europe (principaux partenaires commerciaux de la Mauritanie), de la propagation locale du virus, et des mesures de riposte prises par le gouvernement. Selon un scénario de base où les prix du pétrole diminueraient considérablement, avec la levée des mesures de distanciation sociale au bout de deux mois et une lente reprise de la croissance en Chine et en Europe, la croissance économique en Mauritanie devrait baisser pour atteindre 3,4 % en 2020. L'activité économique devrait rebondir en 2021-2022 grâce à une reprise des investissements directs étrangers (IDE) et à une augmentation de la production extractive. Une pandémie prolongée posera de plus grands risques, en réduisant les IDE, les exportations et en affectant la consommation locale. Les aléas climatiques, du retard dans les réformes structurelles et l’insécurité régionale viennent s’ajouter aux risques liés à la pandémie.
°Source: banquemondiale.org