Des embryons mi-homme, mi-singe, cultivés en laboratoire

plus de 3 an(s)

Description

De certaines expériences scientifiques naît l’espoir. D’autres, le doute et les interrogations. À quelques mois d’intervalle, une équipe de chercheurs français, une autre sino-américaine, ont donné vie à des embryons constitués de cellules de singe et de cellules humaines. Une chimère donc, qui a vécu un peu moins de 19 jours avant de s’éteindre.

 

Les résultats, publiés respectivement dans la revue Stem Cell Reports, le 12 janvier et dans Cell, le 15 avril, sont prometteurs: un tel procédé pourrait permettre de régénérer nos cellules et de vaincre des maladies jusqu’ici incurables ; ils sèment aussi le doute sur le plan éthique.

Menée par Pierre Savatier de l’Inserm, l’expérience française s’est déroulée dans l’Hexagone. “Cette expérience a été validée par le Comité d’éthique de l’Inserm et par le Ministère de la Recherche pour ce qui concerne l’expérimentation animale, précise le chercheur au HuffPost. Elle est également en conformité avec le contenu du rapport du Conseil d’Etat du 28 juin 2018 (section 3.2.5.3. La portée de l’interdiction des embryons chimériques)”, nous explique aussi le scientifique. Une première version de notre article affirmait à tort que l’expérience avait été menée en Chine, plus souple sur les questions de bioéthique, pour se prémunir de toute atteinte à la législation française.

Pourquoi rapprocher ainsi les deux espèces? Les résultats de ces deux expériences sont un pas supplémentaire vers la médecine régénérative. Cette discipline consiste, en résumé, à faire pousser des organes humains sur d’autres animaux, à partir de cellules souches.

 

Guérir des maladies incurables

 

 

Les résultats de ce type d’expérience pourraient, à terme, permettre de fournir des greffes et ainsi de soigner de nombreuses maladies incurables. Plus d’un million de personnes dans le monde auraient besoin d’une transplantation et seules 10% d’entre elles en reçoivent réellement une, selon l’OMS.

 

“Les approches chimériques pourraient être vraiment très utiles pour faire progresser la recherche biomédicale, non seulement au stade le plus précoce de la vie, mais aussi au stade le plus tardif de la vie” a déclaré un des auteurs de la manipulation sino-américaine, Izpisua Belmonte, dans un communiqué du Salk Institut for Biological Studies à l’origine de cette étude.

 

Les scientifiques de ces deux expériences ont implanté une petite quantité de cellules souches humaines sur un embryon de singe, pour observer l’interaction entre les deux entités et mieux comprendre ce qu’il se passe lorsqu’un animal reçoit des cellules souches. L’équipe sino-américaine a cultivé pendant 19 jours plus de trois embryons chimères.

 

Les députés pour, les sénateurs contre

 

 

Que disent les règles éthiques française à ce sujet? En ce moment même, l’Assemblée nationale et le Sénat se déchirent sur la question, par le biais de la révision du projet de loi bioéthique. L’article 17 cristallise les divisions. Il entend encadrer les embryons chimériques. Les députés veulent autoriser le fait d’implanter des cellules humaines sur un embryon animal, les sénateurs refusent. Verdict en juin.

 

En réalité, de nombreuses expériences mélangeant des éléments de différentes espèces ont déjà été réalisées par le passé. En 2019, El Pais rapportait déjà une telle manipulation impliquant des embryons de singe et d’homme, en Chine toujours. Les premiers embryons chimères, réalisés en 1969, ne concernaient pas l’Homme.

 

Depuis qu’il est question de cellules humaines, le Conseil d’État a identifié trois risques majeurs, que les textes législatifs devront surveiller. Celui de faire émerger de nouvelles maladies transmises de l’animal à l’homme, le risque de représentation humaine chez l’animal et le risque d’une modification de la conscience animale.

 

Les expériences françaises et sino-américaines respectent une ligne rouge de l’éthique scientifique, qui fait consensus: ne pas implanter dans un embryon humain de cellules animales. Elles ne visent pas non plus à créer un animal viable, mais seulement quelques cellules pendant quelques jours. De toute façon, faire naître une chimère, un être vivant mi-homme, mi-animal , n’est pas faisable scientifiquement. Pour l’instant.

Antoine Beau

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

°Source : Le HuffPost

Articles associés

La reine Tiyi, également connue sous les noms de Tiy ou Tiye, était une figure importante de l’Égypte ancienne. Elle vécut pendant la XVIIIe dynastie et fut l’épouse du pharaon Amenhotep III. Née vers 1398 av. J.-C. à Akhmîm, elle était la fille de Y
La première chaîne panafricaine au monde n'est plus accessible sur Facebook aujourd'hui vendredi 12 avril 2024, hélas ce n'est pas un poisson d'avril. Facebook aurait-il supprimé ou bloqué la chaîne en sur on réseau social ? Afrique média est une cha
Souvi Ould cheine avait été torturé et assasiné dans un commissariat par 4 policiers. Ce meurtre avait suscité des mécontentements et manifestations en Mauritanie. Le 19 mars 2024, le tribunal de Nouakchott Nord a prononcé des condamnations dans le c
La Directrice Générale de la Caisse Nationale de Solidarité en Santé (CNASS) Amal Cheikh Abdallahi, a signé un accord avec la Député à l’Assemblée nationale du parti Insaf, Saadani Mint Khaitour, en vertu duquel la CNASS fournira une assurance-maladi
Des dizaines de migrantes maliennes débarquent régulièrement et s’installent légalement à Nouakchott. Originaires de certaines régions du nord Mali d’ethnie bobo pour la plupart, ces maliennes arrivent à travers un réseau bien structuré mais surtout
La décision soudaine et urgente du Bureau de l'Assemblée nationale de lever l'immunité du député Biram Al-Dah Abid en réponse à la demande du pouvoir exécutif a choqué les Groupes parlementaires des partis d'opposition, car c'est une évolution danger

En direct

Suivez en direct l'actualité